Alors que les deux amis dégustaient leurs boissons tranquillement, au moment où ils allaient regagner leurs places, Aliza s’arrêta brusquement. Une boule au ventre se créa en elle lorsque retentit un puissant DING ! C’est avec appréhension qu’elle prit son téléphone quand elle le déverrouilla. Sa tête se mit à tourner, elle vacilla plusieurs fois, sa vue devint trouble et elle se précipita tant bien que mal vers le premier siège de libre. Anthony, qui n’avait rien manqué de la scène, se précipita à ses côtés.


“- Hey Ali, est-ce que ça va ?

  • Je…je…
  • Ali, parle moi, lui demanda-t-il inquiet par l’état de son amie”


Mais Aliza ne répondit pas. Tout ce qu’elle faisait, c’était de regarder dans le vide, l’air perdue, tenant fermement son téléphone. Elle n’avait aperçu que quelques mots inscrits sur l’écran et n’avait pas osé cliquer dessus pour lire la suite. Voyant son amie dans un tel état de choc, Anthony essaya tant bien que mal de comprendre ce qui avait bien pu la mettre dans un état pareil. Il avait beau essayer de la rassurer, elle restait stoïque. Ce n’est qu’en voulant lui prendre délicatement les mains qu’il se rendit compte qu’elle tenait fermement son téléphone jusqu’à en avoir les phalanges blanches. C’est là qu’il comprit que c’était cela la cause de son problème. “Pourvu que ce ne soit pas une mauvaise nouvelle”.


  • Ali, qu’est-ce qu’il se passe ?


Mais toujours aucune réponse de sa part. Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes. “Ca doit vraiment être très grave”. En effet, pour qu’Aliza se mette à pleurer, c’est qu’il s’était réellement passé quelque chose. C’était une fille forte qui ne pleure quasiment jamais. La seule fois où ses amis l’avaient vue craquer, c’était à la mort de son frère. Sinon Aliza ne pleurait que très rarement. Comprenant qu’elle ne lui dirait rien, trop choqué, il décida de lui prendre son téléphone de force. Cela ne l’enchantait guère, mais il n’avait pas d’autre choix. Il devait savoir pourquoi elle se retrouvait dans cet état. Quand il lut le message affiché, il blêmit et fixa Aliza.


“- C’est quoi ce bordel ?

  • Je ne sais pas…, dit-elle en fondant finalement en larmes
  • C’est qui ce type ?
  • J’en ai aucune idée, répondit-elle entre deux sanglots. Ca à commencé ce matin. Au départ, je croyais que c’était Yanis qui me faisait une blague. Puis quand j’en ai reçu un autre quand le train a démarré, j’ai su que ce n’était pas lui.
  • Pourquoi tu ne nous as rien dit ?
  • Parce que je ne voulais pas vous inquiéter ! Par la suite, j’ai pensé que c’était un faux numéro et que si je ne répondais pas, la personne finirait par se lasser. Puis ce n’était que des messages…avoua-t-elle honteuse
  • Ali là, c’est plus qu’un simple message !”


Ne comprenant pas où il voulait en venir, elle le dévisagea un instant dans l’incompréhension. Tout ce qu’elle avait vu du message, c’était juste deux mots qui l'avaient fait frémir.


“ De Inconnu : tic tac 😈”


N’ayant pas ouvert le message, elle n’avait pas vu la pièce jointe qui l’accompagnait : une photo d’elle et Anthony en train de boire leurs boissons, assis tranquillement sur une banquette. Directement, Aliza regarda tout autour d’elle, cherchant d’où cette photo avait bien pu être prise et surtout par qui. 


“- Anthony, j’ai peur…

  • Ne t’inquiète pas, je suis là, il ne va rien t’arriver, je te le promets. On va se dépêcher d’aller rejoindre nos places et d’avertir les autres…
  • Non ! l’interrompit-elle je ne veux pas gâcher leurs vacances, on va faire comme si rien ne s’était passé.
  • Mais Ali, c’est grave ce qu’il se passe. Imagine que ce malade essaie de s’en prendre à toi ou à l’un d’entre nous insista-t-il”


Elle ne voulait pas gâcher les vacances de tout le monde pour ce qu’elle pensait être une blague, mais là, il avait raison, ça commençait à aller trop loin, autant les mettre en garde. “Génial comme début de vacances, on pouvait pas rêver mieux.”


Quand Laura et Yanis virent arriver Anthony et Aliza pâle comme la mort, ils savaient que quelque chose de grave s'était passé. Laura l'attrapa fermement par le poignet et la força à s'asseoir où elle se laissa tomber lourdement.


“- Mon dieu, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? interrogea Laura en s’adressant à Anthony

  • Il faut qu’on vous parle d’un truc, répondit ce dernier en jetant un regard furtif vers Aliza
  • Putain, mais vas-y accouche !”


Alors qu’Anthony racontait toute l’histoire, Aliza, quant à elle, resta muette comme une carpe. Elle ne se sentait pas capable de raconter encore une fois ce qu’il s’était passé, alors Anthony avait gentiment pris le relais. Une fois le récit terminé, Laura et Yanis étaient sous le choc, les yeux grands écarquillés, ils restèrent un moment dans le silence, analysant la situation.


“- Tu pensais vraiment que c’était moi ? 

  • Oui… je suis désolé. Vu que tu m’avais déjà fait cette blague, je n’ai pas relevé. Ce n’est que dans le train que j’ai réalisé que ce n’était pas le cas… je suis vraiment désolé répondit Aliza honteuse
  • Tu n’as pas à être désolé. Je crois que si cela m’était arrivé, j’aurais pensé exactement la même chose que toi, la réconforta sa meilleure amie
  • Et du coup, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Anthony
  • Yanis, toi qui es le pro en informatique, tu peux pas essayer de faire quelque chose ? l’interrogea Laura
  • Malheureusement non, soupira ce dernier, il faut passer par l’opérateur pour ça, je ne peux rien faire de ce côté-là. En revanche, je peux essayer d’analyser la photo avec Photoshop pour voir s’il y a un reflet dans la vitre, par exemple, ou quelque chose dans ce genre-là.
  • Et comment vas-tu t’y prendre ? lui demanda Aliza”


Yanis lui sourit de toutes ses dents puis ouvrit son sac qu’il avait à ses pieds et en sortit un ordinateur portable.


“- Non mais je rêve, t’es sérieux là ? s’indigna Laura, t’aurais geeker pendant nos vacances !

  • Oh, du calme. De deux choses d’une, premièrement, je n’aurais joué qu’en cas d'insomnie ; deuxièmement, ça peut nous servir pour mettre de la musique ou même un film si on veut ; et enfin, je ne m’en sépare jamais !
  • Ça fait trois ! répliqua Laura”


Yanis la foudroya du regard et ouvrit son pc.


  • Je vais avoir besoin de ton téléphone, Ali. Je vais transférer la photo sur mon ordinateur.


Elle n’hésita pas un seul instant et lui tendit. Une fois le transfert terminé, une main sur son clavier, l’autre sur sa souris. Yanis effectua plusieurs manœuvres avec une rapidité incroyable. La concentration était à son comble. Nos trois amis retenaient leurs souffles, espérant qu’il arriverait à y voir plus clair. Tous l’observèrent, impressionnés par sa dextérité. Le temps sembla s’être arrêté, le suspense était bien présent. Aliza, obnubilé par le moindre de ses gestes, resta sans voix. C’était comme si tout défilait au ralenti sous ses yeux. Au bout de ce qui leur sembla une éternité, Yanis se renfonça dans son siège et tourna son ordinateur pour les laisser admirer ce qu’il avait découvert. 


  • C’est le mieux que je puisse faire


La photo était zoomée sur une partie bien précise de la photo, dans le reflet de la fenêtre où Aliza et Anthony étaient assis. Même si cela était un peu flou, on pouvait distinguer un homme grand et maigre prenant la photo de côté. Malheureusement, son visage était caché par le téléphone, mais un détail leur sauta immédiatement aux yeux : c’était sa tenue vestimentaire. Un uniforme, mais pas n’importe lequel, celui de la SNCF.


“- Quoi ? Ce serait un membre du personnel ? dit Laura surprise

  • Ou bien quelqu’un qui se fait passer pour un membre du personnel, répondit Yanis pensif
  • On devrait peut-être les questionner proposa Anthony
  • Mais bien sûr ! Et si on tombe justement sur lui, tu crois vraiment qu’il va nous dire : ‘C’est moi’ ? Réfléchis un peu, Anthony ! s’énerva Laura 
  • Et si nous retournions dans le wagon-restaurant pour voir si une personne pourrait correspondre ? proposa Aliza. Bon, je sais que tout ce qu’on peut voir, c’est un grand maigre, mais on ne sait jamais”


N’aillant rien à perdre, les 4 amis prirent la direction du wagon-restaurant. A peine entrés, une voix dans les haut-parleurs résonna :


*Prochain arrêt : Chamonix*


Ils savaient maintenant que leur temps était compté. Ils arriveraient dans très peu de temps et il fallait qu’ils se dépêchent pour avoir le temps de retourner à leurs places et récupérer les affaires avant de manquer la sortie. Ils restèrent immobiles, observant chaques passagers, chaques membres du personnel qu’ils voyaient. Le compartiment commença à se vider assez rapidement, mais ils les observèrent en ne pensant qu’au peu d’indices qu’ils avaient en leur possession : un homme grand et maigre, assez mince comme information, mais ils n’avaient que ça à exploiter. Une fois le compartiment vide, ne restant plus que nos 4 amis et deux serveurs du bar, un homme assez fort et aux cheveux dégarnis faisait la vaisselle, tandis que l’autre, d’une trentaine d'années, comptait la caisse. Grand, mais de corpulence normale pas de maigrichon à l’horizon. Alors qu’ils allaient se résoudre à retourner aller chercher leurs affaires avant de rater l'arrêt, un jeune homme qui devait avoir la vingtaine sortit de sous le comptoir. Les cheveux noirs en bataille, grand et bien trop maigre pour sa taille, un espoir renaît. Ne sachant ce qui se passa dans la tête d’Anthony, il se précipita droit vers lui, n’en ayant rien à foutre, et passa derrière le comptoir. Il dégagea les deux serveurs sans trop de problèmes et empoigna avec force le jeune homme qu’il plaqua contre le mur. Ils se précipitèrent à sa suite, essayant de libérer ce jeune homme de son emprise comme ils pouvaient. N’aillant pas réfléchi plus longtemps, ils s’étaient empressé, eux aussi, de passer derrière le comptoir, devant les deux autres employés complètement ahuris par ce qui se déroulait sous leur yeux. Autant dire qu’ils étaient assez à l’étroit. 


“- DEHORS ! hurla l’homme qui comptait la caisse non mais vous vous prenez pour qui ?

  • Veuillez nous excuser, mais c’est important, il faut qu’on parle à ce jeune homme, répondit Laura avec assurance
  • Et vous ne pouviez pas plutôt attendre qu’il ait fini son travail…
  • Ou tout simplement me le demandé, répondit celui-ci”


Anthony, qui maintenait son pseudo-prisonnier, ne comptait pas le lâcher de sitôt. Il voulait avoir des réponses et il s’en foutait de ce que ses deux “cons” pouvaient bien dire. Il fixa avec rage celui qu’il avait en face de lui.


  • C’est toi, hein, qui a pris cette photo ? cria-t-il  


Il rapprocha dangereusement son visage du sien. Ses yeux étaient aveuglés par la colère. Yanis essaya tant bien que mal de calmer son ami, pendant que Laura, de son côté, commençait à se prendre la tête avec les deux autres qui lui beuglaient de déguerpir avant qu’ils n’appellent la sécurité. Ca hurlait de partout. Aliza en était perturbé, ses oreilles sifflaient, dues à ce tintamarre incessant.


“- De quelle photo tu parles ?

  • De celle-là !”


Anthony tendit une main vers Aliza pour qu’elle lui tende son téléphone, ce qu’elle s’empressa de faire en prenant bien soin de déjà afficher la photo pour ne pas perdre de temps. Anthony la plaça sous le nez de son pseudo-prisonnier, si près que celui-ci loucha pour essayer de la distinguer correctement. Yanis, voyant sa détresse, posa une main sur le bras d’Anthony et réussit à le faire reculer de quelques centimètres. Quand enfin le jeune homme aperçut cette fameuse photo, il écarquilla grand les yeux et ouvrit la bouche à plusieurs reprises pour vouloir parler, mais la referma aussitôt. 


“- Je peux tout vous expliquer répondit-il enfin, tête baissée

  • On est tout ouïs, répliqua Laura, tandis qu’Anthony fronçait les sourcils et croisait les bras sous sa poitrine.
  • Je vais tout vous dire, mais s’il vous plaît faites qu’il me relâche.”


Yanis prit les devants et essaya d’apaiser Anthony en lui murmurant quelques mots que ni Aliza ni Laura ne purent entendre. Cela fit l’effet escompté, il le sortit hors du comptoir et ne le relâcha qu’à ce moment-là. Pour éviter toute évasion, même s’il ne risquait pas d’aller bien loin, les quatre amis se mirent en cercle autour de lui.


“- On va pas y passer la journée ! s’agaça Laura

  • Ben voilà, j’ai été contacté par un “ami” qui me demandait de prendre une photo d’elle en pointant son doigt en direction d’Aliza et de lui envoyer. C’est tout ce que je sais, je n’avais aucune idée ce qu’il comptait en faire
  • Pourquoi moi ? demanda cette dernière
  • Ca, j’en sais rien. Il m’avait montré une photo de toi quelques jours plus tôt. Il m’a donné toutes les informations que je devais savoir : dans quel train tu serais, ton numéro de siège et de voiture, en cas où tu ne serais pas venue jusqu’ici”


Ils restèrent là, à faire des yeux ronds, stupéfaits par ce qu’ils venaient d’apprendre. “Mais c’est quoi ce malade” se demanda Laura. Tant de questions fusèrent dans leurs esprits, mais le temps était compté : à n’importe quel instant, le train pouvait arriver à quai.


“- Il ne t’a pas dit pourquoi tu devais faire ça ? demanda Yanis 

  • En fait, je n’ai pas trop cherché. J’avais une dette envers lui, et ce n’est pas le genre de personne à qui on peut dire non. On n’a pas vraiment  le choix que de lui obéir.
  • Comment s’appelle ton pote ? demanda Anthony sèchement 
  • Alejandro, c’est tout ce que je sais. Je vous le jure 
  • Passe-nous son numéro. J’aimerais beaucoup lui parler moi, exigea Anthony avec un léger sourire sournois.
  • Il prend des téléphones prépayés et les détruit une fois le message qu’il attendait reçu.
  • Donne toujours, je vais voir ce que je peux faire, dit Yanis”


Il sortit son téléphone vitesse grand V et le donna à Yanis, qui l’enregistra dans le bloc-notes du sien. Ayant obtenu quelques réponses à leur interrogation. Le groupe s’en alla rejoindre leur voiture. Ils arrivèrent près de leur affaire pile-poil au moment où  les hauts-parleurs se mirent à résonner à nouveau dans tout le train.


*Le train en direction de Chamonix entre en gare*

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Hubert Giorgi   aime ce chapitre

8 mois

La suite !!!!

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