Ah.
Évidemment.
Ça parade, ça parade, ça s’installe et puis ça mange. Se goinfre, même, devant nos yeux affamés. Et ça rigole de nos efforts pour grappiller des miettes. Ah oui, ça a bon dos, hein. Ça nous insulte même.
Rats volants.
Voilà comment ça nous appelle. Je trouve cela honteux, nous qui apportons une touche pittoresque et joyeuse au centre-ville ! Oh bien sûr, il y a les moineaux, qui sont bien plus petits et donc plus mignons - juste parce que je suis un pigeon ne veut pas dire que je suis insensible à l’esthétique et aveugle aux préférences. Bien sûr que ça a l’air tout doux et tout rond et tout choupinet, un moineau. On a envie de lui donner des bouts de pain trop gros pour le voir s’affairer à le manger. Mais moi je pense et je le dis tout haut, que les pigeons sont beaux ET drôles ! Oui m’sieurs-dames ! Nos reflets métallisés brillent dans les rayons du soleil et nous faisons rire les enfants ! C’est tout aussi important que d’être mignon, je trouve.
En tout cas, nous sommes bien plus polis que les mouettes. Nous tournicotons autour des bancs, espérant que nos petites danses et attitudes nous remplissent l’estomac. Mais peut-être que la solution est là, en réalité… Utiliser la force pour, enfin, prendre ce qui nous est dû ! Alors bien entendu, nous n’avons pas la violence quasi-démoniaque d’une mouette, mais nous avons le nombre… Oui… C’est cela ! L’union fait la force ! Pigeons de tous les quartiers, unissons-nous ! Le Grand Soir viendra ! A nous de saisir les moyens de la production boulangère ! Tous ensemble ! Personne ne pourra nous arrêter, une armée grise et bleue se répandant sur la ville !
A nous le pain sans limite ! Les grains à tous les recoins ! La dominat - oh quoi ? Oh ! Une boulette de mie ! A moi
A moi !!!
A MOIII !!!